2025
Exposition au CDEx, Montréal, Qc
Être Planète est une exploration relationnelle née d’un geste de soin : offrir mon corps comme milieu de germination à une plante d’intérieur — une semence de Chlorophytum comosum. Pendant 42 jours, j’ai incubé cette plantule sur ma peau, en l’arrosant uniquement avec de l’eau distillée à partir de mon urine. Aujourd’hui, nous continuons à vivre ensemble : après un an, j’ai cessé de l’arroser quotidiennement avec l’eau extraite de mon urine, mais je la fertilise parfois avec un engrais produis à partir de celle-ci.
Ce projet prend racine dans l'inconfort profond que me procure la posture exploitante et extractiviste que l'humain adopte envers la Terre. Je cherche à inverser cette dynamique en établissant une relation de sympoïétique — c’est-à-dire une relation co-créative où l’existence de chacun se façonne dans des systèmes complexes — d’adaptation à des environnements souvent inadaptés symbolise une résilience qui résonne avec ma propre expérience en tant que personne crip.
Cette attention à la vulnérabilité traverse également l’écriture présente dans l’exposition. Les textes qui l’accompagnent ouvrent un univers où les lois qui encadrent lettres et mots disparaissent, où la différence est accueillie, où les mots peuvent exister dans leur multiplicité. Par ces fautes linguistiques visibles, je souhaite explorer comment la vulnérabilité et l’altercapacité peuvent transformer nos manières d’habiter le monde.
Être planète propose ainsi un espace où l’erreur, l’attention et la fragilité sont accueillies et devient, par ses fragments relationnels et expérientiels, une opportunité de réfléchir à nos liens avec tous les autres êtres vivants.